C
Cis(genre) : personne dont l’identité de genre correspond au sexe biologique qui lui a été assigné à la naissance. Définit les personnes qui ne sont pas transgenres.
F
Féminisme : mouvement pour l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes dans la société.
G
Gender mainstreaming : approche intégrée et transversale de l’égalité dans tous les domaines et à tous les niveaux par les actrices et les acteurs impliqué-e-s dans la mise en place des politiques publiques. La stratégie du gender mainstreaming vise à corriger les inégalités repérées à partir d’une réflexion soutenue sur les situations différentes des femmes et des hommes et l’évaluation attentive des impacts genrés de toutes les politiques et activités de la collectivité. Il ne s’agit pas de créer des politiques sectorielles spécifiques destinées à prendre en compte les situations ou problèmes spécifiques des femmes (même si celles-ci sont également nécessaires notamment concernant la question des violences qui leur est faite).
Genre : système de catégorisation binaire et hiérarchisée entre les sexes (hommes/femmes) et entre les valeurs et représentations qui leur sont associées (masculin/féminin). On peut distinguer plusieurs dimensions de ce concept (Dorlin) :
1: Le genre est une construction sociale par opposition aux conceptions naturalisantes qui attribuent des caractéristiques immuables aux hommes et aux femmes en fonction de leur biologie, les études de genre affirment qu’ils n’existe pas d’essence de la féminité ni de la masculinité, « mais un apprentissage tout au long de la vie des comportements socialement attendus d’une femme ou d’un homme ».
2: Le genre est un processus relationnel : ces caractéristiques sont construites et apprises dans une relation d’opposition entre masculin et féminin. L’étude de l’un implique donc l’étude de l’autre, bien qu’on puisse se focaliser sur l’un ou l’autre groupe.
3: Le genre est un rapport de pouvoir : la vision dominante met l’accent sur la différence des sexes, mais il ne s’agit pas d’une relation symétrique, équilibrée. Le genre distingue et dans le même mouvement hiérarchise à l’avantage du masculin. En posant une frontière entre les catégories de sexe, le système de genre est en soi oppressif, puisqu’il n’admet pas de déviation par rapport aux normes établies.
4: Le genre est imbriqué dans d’autres rapports de pouvoir : il ne peut être envisagé de manière autonome, il s’intersectionne avec des catégories de classe, d’origine, de sexualité, d’âge, de handicap…
H
Harcèlement sexuel : fait d’imposer à une personne des propos ou comportements à connotation sexuelle qui portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, ou qui créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante.
Hétéronormativité : outil de critique sociale qui permet de repenser les dispositifs théoriques et pratiques de la domination sexuelle, à savoir la hiérarchie des sexualités. Cette hiérarchie place l’hétéosexualité comme une norme. Sa puissance réside, « comme toute idéologie totalisante, [dans le fait qu’elle] empêche précisément de penser en dehors des cadres de pensée qu’il institue a priori, point de vue sur le monde, mais point aveugle de ce point de vue » (Tin, 2003).
Hétérosexisme. « L’hétérosexisme peut-être défini comme un principe de vision et de division du monde social, qui articule la promotion exclusive de l’hétérosexualité à l’exclusion quasi promue de l’homosexualité » (Tin, 2003).
I
Intersectionnalité : Proposé en 1989 par l’universitaire afro-féministe américaine Kimberlé Crenshaw pour rendre compte des relations entre le sexisme et le racisme subi par les femmes afro-américaines, ce terme désigne l’imbrication des rapports de domination liés au genre, à la classe sociale et à la race (comme construction sociale et mode de désignation des personnes). L’approche intersectionnelle est une approche intégrée qui va au-delà d’une simple reconnaissance de la multiplicité des systèmes d’oppression : elle postule leur interaction dans la production et la reproduction des inégalités sociales. Sa valeur est d’attirer l’attention sur la complexité et l’interrelation des catégories de différence et des rapports de domination qui en découlent. Les travaux contemporains visent de plus en plus l’élaboration d’un instrument intersectionnel qui transformerait les politiques de justice sociale et les dispositifs de lutte des discriminations (Hancock, 2007; Sirma, 2009).
L
LGBTIQ+ : acronyme pour “Lesbian, Gay, Bisexual, Transgender, Intersex or Questioning” qui complète celui de LGBT (Lesbian, Gay, Bisexual, Transgenre). Celui-ci est utilisé dès les années 1990 à la place de “gay” jugé trop restrictif pour désigner l’ensemble des personnes qui ne sont pas hétérosexuelles. Le sigle LGBT rend compte d’une orientation sexuelle [LGB] mais aussi d’une identité de genre [T]. Les sigles évoluent et varient selon les contextes et les revendications des personnes en situation de minorité sexuelle. Le “+” correspondant à une ouverture à d’autres catégories possible (“autres”).
P
Patriarcat : système social dans lequel les hommes exploitent, dominent et oppriment les femmes. Le terme est utilisé dans les années 1970 pour désigner le système d’oppression des femmes.
Q
Queer : Ce terme signifie en anglais « bizarre, étrange, excentrique ». Il acquiert une dimension sexuelle à la fin du XIXe siècle. Aujourd’hui, il est utilisé en réaction au terme «gay» jugé trop assimilationniste, trop institutionnel en référence à la culture des classes moyennes urbaines blanches et trop restrictif (exclusion des travesti·e·s, des transgenres ou des transsexuel·le·s). Les théories queer remettent en cause les normes de genre et la dichotomie homosexualité/hétérosexualité en mettant en avant la multiplicité et la plasticité des identités (Sedgwick E. K. 2008 ; Butler, 2005).
S
Sexe : dans le langage courant, le terme de sexe est ambigu et utilisé pour au moins trois idées distinctes (Dorlin, 2008) : le sexe « biologique » assigné à la naissance (femelle ou mâle), la plupart du temps selon des critères anatomiques externes; le genre, défini comme les rôles sociaux attribués à chacune des catégories définies « biologiquement »; la sexualité, soit l’orientation et les pratiques sexuelles. Les théories féministes questionnent et théorisent les relations entre ces trois significations et avec l’ensemble des dimensions de l’expérience humaine (travail, santé, éducation, relations interpersonnelles, psychologie, utilisation des espaces…). Le sexe biologique s’exprime selon un phénomène spontané de sexuation défini par la génétique, les hormones, l’anatomie; ce processus aboutit à des dizaines de variation dans les caractères sexuels primaires et secondaires, et pas seulement deux. Les individus intersexes représenteraient ainsi entre 1 et 2% de la population humaine.
Sexisme : attitude discriminatoire fondée sur le sexe ou le genre. Différentes formes existent, allant du « sexisme bienveillant » au « sexisme hostile » . Le sexisme bienveillant participe d’une forme de préjugé malgré une apparence anodine, voire avantageuse pour les femmes. Il relève d’une idéologie traditionnelle maintenant les inégalités sociales entre les genres, décrivant les femmes comme sociables et incompétentes, les laissant dans la subordination (Glick et Fiske,1996, 1997; Sarlet et Dardenne, 2012).
T
Trans : terme désignant les personnes dont l’identité de genre ne correspond pas au sexe assigné à la naissance. Le terme transgenre est préféré à transexuel·le par les associations luttant contre la transphobie, le second étant le fruit d’une pathologisation par le milieu médical, qui aboutit à de nombreuses maltraitances dans les parcours de transition.
Ressources
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Bard C., 2015
Butler J., 2005, Trouble dans le genre, Paris, Amsterdam.
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Crenshaw, K., (2005) « Cartographie des marges : Intersectionnalité, politiques de l’identité et violences contre les femmes de couleur] », dans les Cahiers du genre, n°39. Publication originale : « Mapping the Margins: Intersectionality, Identity Politics, and Violence against Women of Color », Stanford Law Review, 1991, vol. 43, no 6, p. 1241–1299.
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